- Fais chiiiiiier !

Sur ces mots, Lest botta le sable sous ses pieds et le vent éparpilla les grains vers l'ouest. Comment avait-il pu croire une seule seconde que c'était une bonne idée ?! Un gamin, seul, dans le désert, avec presque rien à manger ou à boire. Et il faisait chaud, très chaud. Bien que le soleil commençait doucement à descendre vers l'horizon, la Vallée de l'Oublie était fidèle à sa description. Des dunes, des dunes, que des dunes ! Et aucun trésor. D'ailleurs, comment quelqu'un pouvait-il trouver quoique ce soit dans cet endroit désolé ? Le blondinet soupira et se laissa tomber sur les fesses, boudant même s'il semblait être l'unique être vivant ici présent. Il serra ses bras autour de ses genoux pour se protéger d'une soudaine et courte bourrasque. Pourquoi une telle place au monde existe ? C'est moche, chiant, inutile … Sa seule qualité est qu'elle recèle un trésor. S'il existe.

Parce que oui, on ne cesse d'évoquer une fortune cachée sous un tas de sable, mais quel est-elle donc ? Tout a commencé durant une soirée ordinaire à la Citadelle. Comme toujours, le jeune sheikah traînait dans des lieux peu recommandés. Marchant dans une ruelle sombre, il avait surpris une conversation entre deux ivrognes. L'un semblait sceptique tandis que l'autre flottait sur un petit nuage.

- J'te jure !

- Im-hic!-possible !

- J'le jure sur ma -hic!- tête !

- Fichtre, j'n'y crois pas !

- Et pourtant ! J'ai entendu d'la -hic!- bouche d'un voyageur qu'y'avait un temple rempli d'pièces d'or à que'que part dans la -hic!- Vallée de l'Oublie !

Même si c'était loin d'être l'information la plus fiable au monde, cela suffit à mettre des étoiles dans les yeux rouges de l'enfant. Plein d'argent qui n'attendait que lui ! Si cela s'avérait être vrai, alors il allait enfin pouvoir vivre une vie décente. Mais... La Vallée de l'Oublie ? C'était loin, non ? Et sûrement très dangereux … Mais quand on est désespéré et un peu sociopathe sur les bords, la peur n'est plus une barrière. La cupidité était le seul moteur. C'est donc ainsi que le voleur fit ses maigres préparations le lendemain. Il se posta devant les grandes portes et repéra un chariot qui sortait de la ville. Il parvint à se faufiler dedans sans se faire repérer et il y passa une bonne partie du voyage. Fatalement, le conducteur compris qu'il n'était pas seul puisque ses réserves de nourriture baissaient étrangement vite. Sans oublier d'envoyer paître l'adulte avant toute chose, Lest dû continuer à pieds.

Voilà où nous en sommes maintenant. Incroyable qu'il soit encore en vie, relativement bien portant et qu'il n'ait pas encore croisé de Bokobl...

- Merde, c'est quoi ça ?

Laissez, je n'ai rien dit. Presque agacé de croiser un autre humanoïde dans ce désert, l'orphelin se redressa et regarda droit devant lui, sa main protégeant ses yeux des rayons suffocants du soleil. Visiblement, une petite créature bipède approchait. Et puis une autre. Et une autre. Et ainsi de suite. En fait, il y en avait toute une troupe, de ces machins ignobles. Le premier remarqua finalement le voyageur imprudent et poussa un cri. Ses compagnons réagirent et, d'un commun accord, foncèrent vers le pauvre adolescent qui n'avait rien compris de ce qui venait de se passer … Non, c'était clair en fait : ils voulaient sa peau. Se campant solidement sur ses deux pieds, le blondinet opta va sa droite et se mit à courir aussi vite et aussi loin que ses jambes pouvaient le porter. Quelle journée de merde ! Loin de sa maison, loin de son trésor, loin d'avoir la vie sauve … Soudain, il trébucha. Et comme si le spectacle n'était pas déjà assez marrant pour les déesses, c'était pile en haut d'une côte. Ravalant sa surprise et sa fierté pour ne pas avoir de sable dans la gueule en plus, Lest déboula la pente en roulant.

Finalement, une grande masse inconnue amorti sa chute. Un peu étourdi, le jeune homme ne réagit pas immédiatement. Il tâta finalement sur quoi il était tombé et fut surpris d'y découvrir du poil. Il tourna la tête et constata qu'ils étaient de couleur blanche. Il remarqua aussi que cette masse de muscles se terminait avec une grande gueule qui cachait sûrement des crocs menaçants. Réalisant qu'il n'était pas plus en sécurité en bas avec le gros monstre qu'en haut avec les petits monstres, le chenapan bondit sur ses pieds et mit de la distance entre lui et le loup, le fixant avec plus de colère que d'effroi.

- Tout doux, le toutou … Bordel, quelle journée de merde …

Lest laissait son regard voyager du canin au sommet de la côte, s'attendant à y voir les Bokoblins à tout instant. Si on lui avait raconté toutes les mésaventures qui allait lui arriver en entreprenant ce voyage, il n'y serait pas allé ! … À bien y penser, il aurait plutôt ri au nez du devin et serait parti quand même …