Vous le trouvez mignon, du haut de ses 1m56 et de ses 47kg ? Avec ses grands yeux rouges irréels qui vous regardent, ses mèches blondes qui tombent dessus ? Ses cheveux en bataille qui laissent paraître ses petites oreilles pointues propres aux races de cet univers ? Oui, c'est vrai, Lest est à croquer.

Mais seulement en apparence.

En effet, car le Sheikah est beau de l'extérieur, mais pourri de l'intérieur. Un vrai petit diablotin. Le genre d'enfant que vous avez le goût de battre mais que vous ne pouvez pas parce que ''Morale''. Déjà, il ne connaît ni le respect ni l'autorité. Les règles sont faites pour les autres et il traiterait un soldat royal de la même façon qu'il traiterait un clochard; avec beaucoup d'impolitesse. N'ayant eu presque aucune éducation, Lest ne sait guère comment se comporter en société et fait les choses comme il lui plaît. On a beau le chicaner et le punir encore et encore, le blondinet ne fait que vous regarder d'un air ennuyé. Enfin, ça, c'est quand il ne réplique pas avec des insultes ou même des coups. Parce que le jeunot est aussi colérique, violent, impulsif. Un mélange explosif qu'on a dû mal à contrôler …

Très tôt déjà, le gamin fuguait et des jours pouvaient passer avant qu'il ne retourne au bercail. Quand il y repense, il se demande toujours comme cela se fait qu'il ne s'est jamais fait tuer par un taré la nuit. S'il a de la veine ? Il n'irait pas jusqu'à se dire être chanceux. Avoir perdu ses deux parents par suicide, ça marque. Et vous force à être débrouillard malgré votre jeune âge. Pour survivre, Lest vole. Sans remords. Il ne connaît pas l'empathie. Ce trait lui a aussi permis de devenir un fin menteur, très utile pour faire fondre les bonnes dames et recevoir des gâteries gratuitement. S'il est malhonnête ? Ça, oui ! Or même si le sociopathe en herbe joue parfois le gentil petit garçon, il reste incapable de se faire des amis et de s'attacher aux autres. Selon lui, si même ses géniteurs ne voulaient pas de lui, personne n'allait jamais l'accepter. Surtout avec le caractère de merde qu'il avait. Et sa réputation tout aussi merdique.

Mais même s'il joue les indépendants avec ses grands airs, Lest se sent atrocement vide de l'intérieur. Comme tout enfant de son âge, tout ce qu'il souhaite dans le fond, c'est d'être aimé et d'être capable d'aimer en retour sans craindre de perdre l'être cher. Lorsqu'il regarde les hors-la-loi qu'il fréquente, le blondinet se dit tristement qu'il va sûrement finir comme eux, paumé dans une ruelle sombre à trafiquer je-ne-sais-quoi. Ce n'est pas ce qu'il recherche pourtant. Or, comment un orphelin tel que lui pouvait quitter le trou dans lequel il est empêtré ? C'est impossible selon lui. Et ça le fait chier.
 

« Mon histoire ? Rien de bien incroyable ni de bien joyeux. Je vais quand même vous épargner les détails. Ça ne vous intéresse pas et ça ne m'intéresse pas non plus de vous les dire.

Déjà, mes deux parents étaient des Sheikahs. Comment se fait-il que j'ai la peau claire alors ? Qu'est-ce que j'en sais ?! Une blague de la Nature peut-être ? En tout cas. Mon père, Hogan, était un soldat banal. Ma mère, Clana, était elle aussi une soldate avant de se faire blesser à la jambe, la laissant boiteuse. Passionnant.

Même si mes parents venaient d'une race forte, ils n'étaient que des lâches. Lorsque la guerre éclata, ils prirent fuite au village Cocorico avec moi dans les bras. On y trouva une semblant de tranquillité, même si ce trou paumé était victime d'attaques occasionnelles. Mon père prit malgré cela le temps de m'enseigner les bases du combat. Il disait que j'étais doué avec les dagues. Je m'en foutais grave. Je m'ennuyais terriblement et je ne parlais à personne à part ma famille. Semble-t-il que je n'étais pas le seul à dépérir. Lorsque la guerre fut terminée, mon père se mit à déprimer. Il se sentait honteux d'avoir fuit ses responsabilités. Résultat : les remords prirent le dessus et on le retrouva pendu. Super.

Un mois plus tard, ma mère et moi partirent à la Citadelle d'Hyrule dans l'espoir de fuir ces horribles souvenirs et de trouver une vie meilleure. Ouais, bah non. Ce n'est pas ce qu'on a trouvé. Elle avait utilisé toutes nos économies pour acheter une petite maison pourrie qui tombait en ruine. Enfant que j'étais, cela ne me dérangeait pas plus que ça et je partais souvent explorer la ville. Je détestais la compagnie de ma mère de toute façon. Elle était souvent absente à cause de son prestigieux travail de prostituée et quand elle était là, elle ne faisait que pleurer. Je préférais passer mon temps dans les rues et ne pas l'attendre pour me nourrir; je me servais à même les étalages. Ce n'était pas comme si ma mère faisait des efforts pour me parler non plus. À croire que le souvenir de son défunt mari la hantait au point qu'elle ne supportait plus la vue de son propre fils.

Fatalement, elle se suicida aussi, de la même façon. Vraiment, je ne devais rien valoir à ses yeux pour qu'elle laisse volontairement son gamin de dix ans livré à lui-même … Tout seul, j'ai dû la décrocher et traîner son cadavre dans la ruelle adjacente pour enfin l'abandonner là et ne plus en parler. Vous savez qu'un corps, c'est vachement plus lourd qu'on peut le croire ? En tout cas. J'ai continué ma vie de voyou comme si rien n'était. Je me faisais un peu d'argent en complétant des commissions douteuses de personnes tout aussi douteuses. Je faisais du vol à la tire. J'étais la terreur des marchands de fruits et légumes. Je vivais dans le strict minimum, seul, dans la même demeure délabrée.

Je fais encore tout ça aujourd'hui. »